Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Méli-Melo Belfort
22 octobre 2023

Historique de l’enseignement primaire dans le Territoire de Belfort - Commune de Roppe.

    En 1899, le journal local le Ralliement de Belfort, a publié, par épisodes, un Historique de l’enseignement primaire dans le Territoire de Belfort, avant, pendant et après la Révolution française. Pour cela, il s'est appuyé sur une recherche faite sur plusieurs communes du Territoire de Belfort. Cette historique nous permet de nous rendre compte de l'évolution des conditions d'enseignements, souvent spartiate à la fin du 18 ème siècle, jusqu'à des meilleurs conditions à l'orée du 20 ème siècle.

    On commence par la commune de Roppe. Extraits du Ralliement des 13, 15, et 18 octobre 1899.


COMMUNE DE ROPPE

     La première trace d'instruction scolaire que l'on trouve dans la commune de Roppe ne remonte pas au-delà du 25 octobre 1789, d'après les documents les plus anciens qui existent dans les archives communales.
     A cette époque, les enfants ne recevaient pas l'instruction pendant toute l'année, mais seulement pendant la saison d'hiver, de la Toussaint à la Saint-Georges de l’année suivante (Délibérations du 25 octobre 1789 et 10 octobre 1790).
     L'enseignement était donné dans un local, qui était une chambre, munie d'un poêle, pour le loyer de laquelle la commune payait une certaine somme : seize livres dix sous, pour la saison d'hiver (Délibération du 17 octobre 1790).
     Les enfants des deux sexes étaient réunis dans ce local, où n’étaient admis que les enfants de la Commune ; cependant, à partir de l'année 1817, la classe ayant eu lieu pendant l'année entière, des élèves des communes voisines, désireux d’acquérir une certaine instruction, fréquentaient l’école de Roppe, pendant la saison d'été, attendu que chez eux, la classe n’avait lieu qu’en hiver.
     La chambre où étaient réunis les enfants était une pièce que la commune louait à un habitant de la localité, moyennant une certaine redevance (16 livres 10 sous).
     La classe fut transférée dans cinq maisons différentes, jusqu’à la construction de la première maison d’école. Le local où elle avait lieu servait en même temps et le plus souvent de cuisine où se préparaient les repas de la famille du propriétaire de la maison, dans le poêle de l’école, et cela même pendant les heures de classe.
     La classe, loin de réunir toutes les conditions voulues, était basse, sombre, n'étant le plus souvent éclairée que par une fenêtre, et dépourvue parfois de plancher, de sorte que les enfants se trouvaient sur la terre nue. Quant au mobilier, Il consistait en une ou deux tables ordinaires, c’est à-dire des tables de ménage, autour desquelles une partie seulement des élèves pouvaient prendre place, assis sur des bancs. On n’y voyait ni cartes, ni tableaux noirs, en un mot rien de ce qui pouvait contribuer au progrès des enfants. Pour le chauffage de la classe, la commune fournissait le bois et payait, avec le loyer de la chambre, celui d’un poêle pour l’hiver.
     Comme il est dit plus haut, pour tout sacrifice relatif à l’entretien de l’école, la commune ne s’en imposait aucun autre que le loyer du local où se tenait la classe et la fourniture du bois de chauffage, l’instituteur étant payé par les parents des élèves.
     L’école était dirigée par un instituteur et ne desservait que la commune de Roppe. Elle fut quelque temps dirigée par une sœur institutrice (en 1828).
    L’instituteur était désigné par la municipalité et il prenait possession de son poste en vertu d’un marché conclu entre lui et la commune.
     Aucune garantie n’était exigée de lui que celle de pouvoir enseigner la lecture, l’écriture, un peu de calcul et le catéchisme.
     Il n’exerçait d’autres fonctions que celle d’instituteur, ce n’est qu’à partir de 1828 qu’il commença à y joindre celle de secrétaire de mairie.
    Sa situation matérielle était très précaire, jusqu’en 1819, il recevait pour tout traitement deux sols par semaine et par élève, à partir de cette époque, il prenait ses repas chez les parents de ses élèves.
     Jusqu’en 1828, il perçut par chaque enfant, pour les six premiers mois d’hiver, une rétribution de deux francs, et par chaque enfant, pour les six mois d’été, deux francs trente-sept centimes ; ces sommes étant payables par trimestre. Le montant de cette rétribution pouvait être évaluée à trois cents francs = 300 fr.
     L’instituteur était obligé d'enseigner la religion catholique, apostolique et romaine, la lecture, l’écriture et un peu de calcul (Délibération du 10 octobre 1790),
     La classe durait six heures par jour, savoir trois heures le matin, de huit à onze heures, trois heures le soir, de une à quatre heures. Les enfants n’avaient congé que le jeudi soir.
     Jusqu’en 1817, la classe n’avait lieu que depuis la Toussaint à la Saint-Georges de l’année suivante ; ce n’est qu’à partir de cette année 1817 qu’elle eut lieu pendant toute l'année.
     Les matières enseignées à l’école se bornaient à la lecture, l’écriture, un peu de calcul et le catéchisme, de temps à autre quelques éléments de grammaire. Le maître se servait de moniteurs qui enseignaient les plus jeunes enfants. Quant aux livres de classe, les élèves n’en avaient point, les parents ne tenant pas à faire de dépenses pour cet objet. Les enfants lisaient des papiers divers tels que contrats, sous-seings privés, calendriers, etc., qu'ils apportaient de la maison. C’était le plus souvent une écriture très difficile à déchiffrer et qui, par conséquent ne permettait pas de faire des progrès bien rapides ; aussi les résultats n’étaient pas brillants Pour l'écriture, elle n’était enseignée qu'aux élèves sachant lire couramment ; le maître traçait en tête de la page un modèle que l'élève devait reproduire. Les enfants écrivaient sur un petit carnet qui tenait lieu de cahier.
     Les progrès étaient très lents, et peu d'élèves quittaient l'école sachant lire et écrire.
     La première maison d'école communale date de l'année 1826. En 1833, la classe après avoir eu lieu dans un local loué et se trouvant dans des conditions tout à fait mauvaises, était installée dans une maison d'école (construite en 1896). Le mobilier scolaire était plus commode, la salle était plus vaste et par suite plus saine et plus claire. L’instituteur était logé dans ladite maison d'école.
     La classe avait lieu toute l'année, à cette époque, tandis qu'auparavant, avant 1817, les enfants ne pouvaient la fréquenter que durant six mois environ.
     A partir de 1833, les élèves furent munis de livres classiques, en très fort petit nombre, il est vrai ; c’était le catéchisme, la grammaire (Lhomond), la Bible (Royaumont), la Géographie.

Lhomond - Elémens de la Grammaire Française (1833)
Lhomond - Elémens de la Grammaire Française (1833)

     Le traitement de l'instituteur était déjà plus élevé, car il recevait un traitement fixe de la commune, qui joint à la rétribution scolaire, contribuait à améliorer tant soit peu sa position. A ses fonctions, il réunissait celle de secrétaire de la mairie
     En 1833, l’instituteur reçut, mais seulement pour l’hiver, par suite du grand nombre d’élèves, un aide qui, comme lui
prenait ses repas chez les parents des élèves, et payé en partie par l'instituteur. Cet état de choses ne subsista que peu de temps. En 1828, les filles reçurent pendant un temps assez court l’enseignement d'une sœur institutrice. En 1848, cet enseignement fut confié à une institutrice laïque jusqu'en 1851, époque à laquelle fut installée sœur Xavier Vaimbois.
     Comme traitement, l'instituteur reçut, pendant les années où la classe n’avait lieu que durant la saison d'hiver, deux sols par semaine et par élève (jusqu’en 1817). A partir de cette époque, le traitement s’éleva à la somme de 300 à 350 francs, jusqu'en 1837, où il se monta à 400 francs
     En 1851, il s'élève à 600 francs jusqu'au 1863 où il atteint le chiffre de 700 francs ; en 1871, celui de 800 francs jusqu’en 1875 ; en 1876, de 1000 francs, en 1877, de 1100 francs et en 1881, de 1200 francs.
    L’institutrice reçut pendant de longues années, un traitement de 300 francs, puis 400 francs ; ensuite 500 francs en 1876, puis 600 francs depuis 1885.
    Les écoles, installées dans des locaux privés jusqu’en 1826, furent transférées dans une maison commune, à partir de cette même année.
     Jusqu'en 1826, la classe eut lieu dans plusieurs locaux différents, attendu que c'étaient des propriétés privées qui ne pouvaient être louées que pour un certain temps.
     L'ancienne maison d’école, datant de 1826, étant reconnue trop petite pour le nombre des enfants de la commune, fut abandonnée, et en 1855 fut construite la maison actuelle.

Roppe (90) l'école
Roppe (90- - L'école.

     Pour la construction de la première maison d’école, les dépenses se sont élevées à environ 15 000 francs, et pour la maison actuelle à environ 35 000 francs.
     Les Instituteurs connus qui se sont succédé dans la commune, depuis 1789, sont : Thiébaut Girot, de Menoncourt, en 1789. — Jean Pierre Eschemann, de Lutran, en 1790 — Pierre-François-Joseph Vier, de Menoncourt, en 1817. — Michel Garnier, de Saint-Maurice (Vosges), en 1819 -—Joseph Hulleite, d’Eguenigue, en 1823 — Blanc Georges, de Denney, en 1839. — Blanc François, de Denney, en 1844. — Charles Grand-Claude, de Liffol-le-Grand (Vosges), en 1847. — Bredmestre Jean, de Giromagny, en octobre 1852 — Juif Eugène, 16 juillet 1856 — François Favez, de Novillars, 8 mai 1862 — Chappuis Joseph, de Giromagny, en 1865. — Reuillard Justin, de Rougemont, 18 décembre 1876.
     Les Institutrices : en 1816, une sœur institutrice (nom inconnu). — En 1828, une institutrice congréganiste (nom inconnu) — En 1849. Mme Feltz — En 1849, même année. Mme Vuilleminot — En 1851, sœur Xavier Vaimbois. —En 1877, sœur Hélène Fischer. — Le 24 décembre 1881, sœur Séraphine et en octobre 1883, sœur Amélie Thomas.
     La gratuité, établie avant la loi du 16 juin 1881, existe dans la commune depuis l'année 1873. (Délibération du 14 février 1872)
     Les cours d’adultes ont eu lieu depuis l'année 1873 jusqu’en 1885.
     Les institutrices congréganistes qui ont dirigé l’école des filles appartenaient à la communauté de Portieux (Vosges).

Congrégation des soeurs de la Providence Portieux (Vosges)
Portieux (Vosges) - Congrégation des soeurs de la Providence.

     L'école de garçons est laïque et celle des filles est dirigée par une institutrice congréganiste (Portieux).
     Le premier élève de la commune, un garçon, a été présenté en 1875 aux examens du certificat d'études primaires.
     Parmi les élèves de l’école, deux sont entrés dans l'Université, ce sont : Courbot Pierre, professeur de l’enseignement secondaire, en retraite, et Blanc Jean-Baptiste, actuellement censeur au lycée de Vendôme.
     Dans la commune, il n'existe pas d'association des anciens élèves de la localité.
     Lors de la guerre de 1870, les écoles, servant tantôt d'ambulance, tantôt de logement, aux troupes ennemies, furent
fermées pendant le siège de Belfort.
     La situation actuelle des maitres et maitresses et favorable : les salles de classe sont très vastes et très saines ; les logements, bien distribués, sont très commodes, spacieux et très sains ; deux jardins de chacun quatre ares et demi environ et entourés de murs, sont attenants à la maison d’école et sont à l’usage de l’institutrice et de l’instituteur. Celui-ci jouit d’un traitement de 1300 francs et l'institutrice de 600 francs. Chaque année, il est délivré par la commune une quantité suffisante de bois pour le chauffage des écoles et des maitres et maîtresses.

Marchés d’instituteurs, délibérations

Extraits du registre des délibérations du Conseil municipal

     Ce jourd’hui vingt-cinq octobre mil sept cent quatre-vingt-neuf, nous syndic et membres de la municipalité de Roppe, de l'avis de toute la communauté, assemblée d’une part et Thiébaud Girot, bourgeois de Menoncourt, d'autre part, sommes convenus de ce qui suit, savoir que le dit Thiébaud Girot promet et s’oblige d’enseigner tous les enfants de la dite communauté, à commencer le deux novembre prochain jusqu’à la Saint-Georges suivante, pour raison de quoi, il lui sera payé par les pères et mères des dits enfants deux sols par semaine et pour chacun ; qu’en outre il lui sera délivré de la part de la communauté une gaube comme aux bourgeois et fourni un poël pour tenir l'école pendant le temps sus-dit, le tout sous réserve expresse que le bois de la gaube ci-dessus sera employé pour le chauffage de l’école et qu’il ne pourra en disposer en faveur d’aucun étranger à la communauté, lui permettant cependant de disposer du surplus à la Saint-Georges s’il en a, bien entendu que la communauté ne sera point garante du payement de l’écolage des enfants, que le sera au dit Thiébaut Girot fasse le procurer chez leurs pères et mères comme il trouvera convenir.
     Fait et arrêté les jour, mois et an que devant. — Suivent les signatures.

    Ce jourd’hui dix octobre mil sept cent quatre-vingt-dix, nous maire officiers municipaux et membres de la municipalité d'une part, et Jean-Pierre Eschemann de Lutran d'autre part, sommes convenus de ce qui suit, savoir que le dit sieur Eschemann promet et s’oblige d'enseigner la religion catholique, apostolique et romaine, aux enfants de la dite communauté, à commencer au premier novembre de la présente année, et finira à la Saint-Georges suivante, pour raison de deux sols par semaine pour chaque enfant. Et la communauté s’oblige à lui délivrer une portion de bois de chauffage, comme à un bourgeois, et de lui fournir le poël pour l’écolage.
     Fait et arrêté les jour, mois et an que devant. — Suivent les signatures.

     Ce jourd’hui 17 octobre 1790, nous nous maire officiers municipaux de la commune de Roppe, assemblés à la manière accoutumée, d’une part, et Nicolas Baccon du dit lieu, d'autre part, sommes convenus de ce qui suit, savoir que le dit Baccon promet et s'oblige de fournir un poël pour l’écolage du dit lieu, depuis le premier novembre de la présente année, jusqu'à la Saint Georges de l'année suivante, et une chambre pour le maître d'école, s'il en a besoin, et que le dit poël pour l'écolage sera gros en suffisance, et pour raison de ce, la communauté s’oblige de lui payer la somme de seize livres dix sous, pour toute location.
            Fait les jour, mois et an que dessus. — Suivent les signatures.

Séance extraordinaire du 6 décembre 1823
    Le Conseil municipal de la commune de Roppe convoqué extraordinairement pour une séance seulement en vertu d'autorisation spéciale du 2 décembre courant s’est réuni au lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de M. le Maire à l'effet de délibérer sur l'utilité d'un aide instituteur à prendre pendant l’hiver seulement, pour que les enfants de la commune puissent jouir d'un bon enseignement et enfin de chercher les moyens de le rétribuer.
     Considérant le très grand nombre d’enfants que fournit ladite commune, pendant l'hiver à l'école primaire et qu'un seul instituteur malgré ses grands soins ne peut leur donner à tous un enseignement convenable sans le secours d'un aide instituteur, et vu le peu de ressources qu'offre annuellement la caisse communale, a délibéré ce qui suit, savoir :
     Que le traitement de l’instituteur primaire de cette commune sera augmenté d’une somme de cinquante francs, qui seront prélevés sur les enfants qui fréquenteront l’école pendant l'hiver, et ce comme rétribution scolaire, à charge par le dit instituteur de prendre un aide instituteur pendant l'hiver seulement, qui soit muni d'un brevet quelconque, délivré par l'Académie, et qui soit autorisé par la dite commune et à charge par ladite commune de le faire loger et nourrir à tour de rôle chez les parents des enfants qui fréquenteront la dite école.
     Ainsi délibéré, les jour, mois et an que devant.
     Suivent les signatures.

Roppe (90) la mairie et l'école
Roppe (90) - La Mairie et l'Ecole.

Publicité
Publicité
Commentaires
Méli-Melo Belfort
  • Ce blog veut, de façon hétéroclite, mettre en lumière des faits, événements et autres informations historiques, géographiques et culturels sur Belfort et son Territoire, collectés en majorité sur des anciens journaux, revues et livres.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 689
Publicité