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Méli-Melo Belfort
9 août 2023

La guerre 14-18 vue de Montreux-Vieux - 2ème partie (1915-1918).

1915

    6 janvier. — Nouvelle distribution, plus abondante que la première, d'étrennes envoyées par Mme Poincaré, la Ville de Paris et les grands journaux parisiens.

Les etrennes Excelsior_ 18-01-1815
Les étrennes des enfants américains distribués à l'hôtel de ville de Paris via Mme Poincaré
(Source Excelsior du 18 janvier 1915 - Gallica).

    N.D.L.R. : On lit dans le journal l'Excelsior du 13 janvier 1915, une dépêche du conseil municipal de Montreux-Vieux adressée au conseil municipal de Paris :

« Les membres du conseil municipal de Montreux-Vieux, réunis en session extraordinaire, sous la présidence de leur adjoint, adressent leurs remerciements très sincères à leurs collègues du Conseil municipal de Paris, particulièrement à M. Mithouard, pour les beaux jouets distribués aux enfants des écoles françaises de Montreux-Vieux, au cours de la fête scolaire du 6 janvier 1915. »

    8 janvier. — Hier soir, le ciel était tout embrasé de lueurs d'incendie ; il parait que Steinbach, Eglingen et d'autres villages sont en feu.

Steinbach et Cernay en flammes 1915
Steinbach et Cernay en flammes.

    14 janvier. — Des aéroplanes allemands ont survolé la contrée.

    28 et 29 janvier. Il y a quatre jours, les commerçants ont dû libeller leurs enseignes en français. Le 98e territorial a été remplacé par le 13e chasseurs, avec le général Morel, homme très affable.

    N.D.L.R. : Le général Morel étant général de Brigade, il ne peut être chef de corps du 13e chasseurs. On sait par le Journal Officiel du 21 juin 1914 que "M. Morel, de l'état-major particulier de la cavalerie, commandant l'école d'application de cavalerie, est promu général de brigade au 26 juin 1914, et est maintenu dans le commandement de l'école d'application de cavalerie à Saumur.".
Donc, soit il s'est trouvé à Montreux-Vieux, en mission, en tant que membre de l'état-major particulier de la cavalerie. Soit il a subi entre temps, une mutation comme commandant d'une brigade de cavalerie, et notamment la 6e brigade de cavalerie légère à laquelle appartenait le 13e régiment de chasseurs à cheval et 11e régiment de hussards.

Nous avons aussi des éléments du 11e hussards, de Tarascon. Balschwiller a été bombardé et plusieurs familles sont venues chercher des logements à Dannemarie.

11e hussards Tarascon
11e Hussards - Tarascon, sur le terrain de manoeuvre.

    N.D.L.R. : Avant d'élire domicile à Tarascon, le 11e Hussards résidait à Belfort. Il est parti en 1902, au bout de 14 ans de présence.

le 11e Régiment de Hussards quitte Belfort pour Tarascon (1902)
Le 11 régiment de Hussards quitte Belfort pour Tarascon, après y avoir tenu garnison pendant 14 ans.
28 septembre 1902. (Source Archives Départementales de Belfort)

    31 janvier. — Une ambulance, avec 12 prêtres, vient d'arriver pour quelques jours.

    12 février. — Montreux-Vieux a reçu aujourd'hui la visite de M. Raymond Poincaré, Président de la République. La réception a eu lieu devant l’école protestante. Des chasseurs et des hussards formaient la haie depuis Chavannes. Le cortège présidentiel se composait de huit automobiles. Dans sa suite on remarqua le général Joffre, le général commandant le secteur, Millerand, ministre de la guerre. A l'entrée du village, ces personnages descendirent de voiture et firent le reste du chemin à pied.

Arrivée du président Poincaré le 12 février 1915
Arrivée du président de la République (12 février 1915). Les troupes rendents les honneurs.

Devant l'école, une petite fille, Augustine Kempf, souhaita la bienvenue au Président, qui, tout ému, embrassa l'enfant, exprima sa confiance dans la victoire finale, causa quelques instants avec les enfants, puis repartit pour Dannemarie.

Poincarre recoit un bouquet d'une petite alsacienne
M. Poincaré à Montreux-Vieux. — Une petite alsacienne lui présente un bouquet.

    24 avril. (2) — Le conseil municipal a été dissous et remplacé par une commission municipale composée de MM. Pierre Violard, Émile Cuenin, Émile Grosjean, Alphonse Besançon, Jules Saunier et Pierre Prévot. Six avions viennent de survoler la région.

    (2) M. le curé avait dû s'absenter de sa paroisse pendant deux mois.

    4 mai. — Les hussards sont revenus de la région de Balschwiller. II parait que les Allemands avaient planté sur leurs tranchées une pancarte avec ces mots : « Camarades français, rendez-vous, nous avons remporté une grande victoire dans les Carpathes ! » A quoi les Français ont répondu par une autre : « Camarades allemands, rendez-vous, nous avons remporté une grande victoire dans les Flandres ! »

    30 mai. — Les Allemands ont détruit, au moyen d'obus de gros calibre, le viaduc de Dannemarie qu'on venait à peine de réparer.

Viaduc de Dannemarie bombarde par les allemands en 1915
Viaduc de Dannemarie bombardé par les allemands (31 mai 1915).

    26 juin. — Des gens de Balschwiller, dont M. J. Bihler, instituteur sont venus s'installer à Montreux-Vieux.

    8 juillet. — Le 2 de ce mois, 67 personnes ont été envoyées en Allemagne, via Genève. Aujourd'hui le général de division de l'Épée, est arrivé avec son état-major.

    14 juillet. — On a célébré joyeusement la Fête Nationale : le matin, office a l'église, l'après-midi, jeux variés sur les prés à côté de la maison G. Mangolte.

    6 août. — Un aéroplane allemand a jeté des bombes sur Chavannes, où se trouve un parc de quatre avions français.

    15 août. — L'armée a tenu à célébrer le 15 août avec un éclat particulier, comme au temps de Napoléon III. La veille au soir il y eut une belle retraite aux flambeaux, le 15, un office très solennel à l'église, l'après-midi une magnifique procession du Saint Sacrement. Les soldats avaient élevé un autel près de la maison J. Gevrier.

    27 août. — Les premiers soldats noirs sont arrivés à Montreux-Vieux.

    2 septembre. — L'état-major de cavalerie, avec le général de l'Épée, est parti le 31 août ; il laisse, ainsi que les soldats, le meilleur souvenir. Des éléments de la 16e division le remplacent.

    11 septembre. — Un avion allemand a laissé tomber cinq bombes ; l'une d'elles est tombée dans la propriété Violard. Le général de Contades, commandant la 10e division, est arrivé avec son état-major.

    22 septembre. — Des habitants de Ballersdorf sont venus chercher refuge ici. Le 13, trois bombes ont été lancées sans faire de dégâts, mais aujourd'hui une nouvelle bombe a tué le soldat Maurice Canal devant la maison J. Lallement ; un autre a été mortellement blessé.

Fiche mort pour la France CANAL Maurice
Fiche mort pour la France de Maurice Canal. Source site mémoire des hommes.

    4 octobre. — Le général de Contades est parti. II est remplacé par le général Demange, commandant l'armée dite de la Défense de Belfort. Le colonel Croiset, les lieutenant-colonels Tabouis et Bizouard, de l'état-major, logent à la cure.

    14 novembre. — Le général Joffre a passé à Montreux-Vieux aujourd'hui. Il a été reçu à la mairie. Il décora une vingtaine d'officiers et prononça un petit discours où l'on remarqua cette phrase : « Cela ne durera peut-être plus si longtemps. »

    21 novembre. — Les habitants de Montreux-Vieux sont autorisés à aller au marché de Montreux-Château le mardi et le jeudi, sous la surveillance d'une personne de confiance, désignée par l'autorité militaire.

Place mairie Montreux-Chateau 2
Place de la Mairie de Montreux-Château. Possible lieu du marché en 1915.

1916

    24 janvier. — Le Président Poincaré, accompagne de M. Dubost, Président du Sénat, et de M. Dechanel, Président de la Chambre, s'est rendu à Dannemarie. II y décora, entre autres, M. Violard, maire de Montreux-Vieux (Mérite agricole), M. Bihler, instituteur à Montreux- Jeune (Palmes académiques) et M. Halm, curé de Dannemarie (Légion d'honneur).

    11 février. — Le 7 les Allemands ont lancé de gros obus sur Belfort, semant la panique. Dannemarie a aussi été bombardée ; il y a eu 5 morts en deux jours.

    14 mars. — Les faits de guerre se font rares. Par contre, Montreux-Vieux a eu aujourd'hui sa foire au bétail qui remplace celle de Dannemarie.

    17 mars. — Le général Joffre vient de faire une courte apparition dans les bureaux de l'état-major.

    9 avril. — Nouvelle visite du Président de la République. Arrivé à la gare à l’heure, il se rendit à 2 heures à la mairie ; il remit quelques décorations et repartit. Le général Franchet d'Espèrey, commandant l'armée de l’est, a passé la nuit au presbytère.

    28 avril. — Ce matin, un avion a lancé des bombes qui ont fait un tué et un blessé.

    N.D.L.R. : Le site internet MemorialGenWeb donne le nom du tué, il s'agit de TAMISIER Charles Louis.

    16 mai. — L'état-major du général Demange s'intitule maintenant état-major du 34e corps d'armée. Depuis environ deux mois, des régiments qui ont combattu à Verdun sont venus se reposer ici et faire des tranchées. On va construire une ligne de chemin de fer de Montreux-Vieux à Vauthiermont et Guewenheim.

    26 mai. — Une bombe d'avion est tombée près de la maison Huggenberger et a fait de grands dégâts.

    13 juin. — Des troupes sont embarquées ici en grand nombre. On dit qu'elles vont à Verdun.

    11 août. — Depuis une dizaine de jours, un grand nombre de troupes noires travaillent à la construction d'un quai d'embarquement à la gare.

    9 octobre. — Départ du général Demange et arrivée du général Nudant.
            Un mot du Service postal. Au début de la guerre, il était presque impossible de recevoir le courrier. Plus tard les lettres étaient centralisées à Montreux-Château, où l'on allait les chercher de temps en temps. A présent il y a un bureau de poste à Dannemarie pour la ville et les environs. C'est là que les facteurs vont prendre le courrier, qu'ils distribuent deux fois par jour.
            En ce qui concerne les laissez-passer, on n'en délivra d'abord que pour un jour, puis pour plusieurs, puis pour 15 jours. Actuellement l’Administration de Dannemarie délivre des cartes d'identité permanentes.

1917

    8 janvier. — Hier soir le village a reçu 2 bombes ; l'une est tombée près de la maison Émile Cuenin, l'autre près de L’épicerie Eichinger. Elles ont fait de sérieux dégâts.

    30 janvier. — Ces temps derniers, de grands mouvements de troupes ont eu lieu. Le maire avait reçu l'ordre de préparer des cantonnements pour 8.000 hommes, puis, cet ordre fut de nouveau annulé. On a invité la population à ménager l'électricité, les pommes de terre, le sucre, etc. ; le pain est rationné.

    19 février. — Afin de faciliter les mouvements et le ravitaillement des troupes, on a élargi la route de Montreux-Château à Montreux-Vieux de trois mètres et construit un pont en fer à côté de l'ancien. On relie également notre gare à Lutran, Romagny et Suarce par une voie ferrée ; une autre voie rejoint la route nationale et la forêt, où se trouvent dissimulées de grandes quantités de munitions.

    12 juillet. — Des bombes ont été jetées sur Montreux-Vieux, Chavannes et Montreux-Château. Dans cette dernière localité il y a eu des morts et des blessés.

    N.D.L.R. : Je n'ai pas trouvé de décès dans les registres d'état civil de la commune de Montreux-Château à la date du 12 juillet 1917. Si il y a bien eu des morts ce jour là, ce sont donc des soldats, dont je n'ai pas retrouvé les noms.

    15 juillet. — L'état-major du 1er corps colonial, qui était ici depuis le 16 juin, est parti et a été remplacé par celui du 18e corps, avec le général Hirschauer.

    24 septembre. — Une bombe d'avion a tué, derrière la maison Giovanolli, 3 soldats et blessé environ 36, dont plusieurs ont succombé dans la suite.

    N.D.L.R. : Il semble y avoir une erreur de chronologie, car le 24 septembre se retrouve avant le 13 septembre. Est-ce que c'est juste une erreur d'ordre ou bien une erreur de date ? Dans ce cas, il pourrait s'agir du 24 juillet, voire du 24 août. Je pencherais plutôt pour le 24 juilet, car je retrouve sur le site MemorialGenWeb un soldat mort à cette date. Mais cela reste à confirmer par d'autres sources.

    13 septembre. — L'état-major du 33e corps, avec le général Lecomte, remplace le 18e.

    29 septembre. — Une bombe est tombée dans le jardin de Ch. Braunstedter.

1918

    19 janvier. — A l’état-major du 33e corps a succédé celui du 14e avec le général Marjoulet.

    28 février. — 32 communes ont été averties d'avoir à se tenir prêtes pour une attaque éventuelle des Allemands. Les habitants devront partir dès que le tocsin sonnera.

    3 juin. — L'état-major du 40e corps, avec le général Paulinier, qui était ici depuis le 16 mai, est parti aujourd'hui.

    11 juin. — Mgr Gauthey, archevêque de Besançon, a conféré la confirmation, dans notre église, à nos enfants, ainsi qu'à ceux de Chavannes, Lutran et Montreux-Jeune.

    N.D.L.R. : A ce propos, voici ce qu'écrit M. le vicaire général Boucher, accompagnateur de Monseigneur Gauthey dans sa "tournée de Confirmation" en Alsace reconquise, dans "la Semaine religieuse du diocèse de Besançon" :

    Mardi 11 juin : Le temps est toujours beau ; le soleil tient à s'associer à nos fêtes ; nous en remercions la bonne Providence qui, du ciel, veut bien nous envoyer ce sourire paternel de protection et de réconfort. La Confirmation sera donnée, dans la matinée, à Montreux-Vieux, et, dans l'après-midi à Merzen. Montreux-Vieux, dont les Allemands avaient fait Altmünsterol possède une église fièrement campée sur la hauteur ; elle nous avait rendu jaloux, il y a quelques années, lorsque nous comparions son clocher élancé, avec la misérable petite église française de Montreux-Château, qui semblait humiliée à ses pieds ; notre jalousie n'existe plus aujourd'hui, puisque c'est un archevêque français qui est reçu triomphalement dans ce temple, et qui y donne la Confirmation.
    Au moment où nous nous préparons à quitter Montreux-Vieux pour nous rendre à Merzen, une violente canonnade retentit non loin de nous ; c'est, à ne s'y pas tromper, le bruit sourd des canons allemands. En même temps, notre chauffeur nous annonce que l'automobile exige une petite réparation; pendant que la réparation se fait, le canon continue à gronder Enfin, avec une demi-heure de retard nous nous mettons en route. La canonnade a cessé ; tout est calme et tranquille
    En arrivant à Merzen, le clergé, les autorités civiles et militaires, la population rangée devant l'église nous reçoivent avec des applaudissements et nous félicitent d'être arrivés sains et saufs, malgré les obus des Boches. Le tir de la canonnade que nous avions entendu tout à l'heure avait été dirigé, en effet, du côté de la route par laquelle nous venions d'arriver ; nous ne supposions guère que Messieurs les Allemands eurent la délicatesse de saluer d'une salve d'artillerie un évêque français à son passage. Quelles qu'aient été leurs intentions, nous remerciâmes Notre-Seigneur de la panne providentielle de Montreux-Vieux. Il paraît, qu'en fait ce n'est pas nous
qui étions visés par la rafale ennemie : mais toujours est-il qu'elle arrosa le petit coin de pays que nous devions traverser et à l'heure où notre passage était signalé.

    21 juillet. — Les premiers soldats américains sont arrivés aujourd'hui à Montreux-Vieux. Il y en avait dans la région depuis fin mai. Ils sont pleins d'ardeur guerrière ; on dirait qu'ils veulent s'attaquer aux étoiles !

Soldats americains, entrainement avec mitrailleuse française 23-08-1918
Soldats américains s'entrainant au tir avec une mitrailleuse française - 23 août 1918, Montreux-Vieux.
(Source : U.S. National Archives and Records Administration)

    N.D.L.R. : D'après les ouvrages historiques des divisions américaines, on apprend que c'est la 32e division qui met en premier ses pieds en Alsace en mai 1918. Elle repartira fin juillet pour se battre dans le nord de la France. La 29e division la remplacera. Ce sont sans doute les premiers éléments de cette division qui arrivent à Montreux-Vieux le 21 juillet 1918.

    7 septembre. — Sur le pré à côté du jardin de la cure, on construit une baraque qui servira de foyer du soldat et de salle de cinéma.

    N.D.L.R. : Sans doute une baraque du type Adrian.

    13 septembre. — L'état-major américain est parti. On évacue les habitants de Gildwiller, Falkwiller, Hecken et Diefmatten ; ils sont dirigés sur la Haute-Saône. Le 40e corps va revenir.

    N.D.L.R. : On lit dans l'ouvrage : "Cutchins History of the Twenty-ninth Division Blue and gray 1917-1919" que le 9 août 1918, le P.C. de la division se déplace de Boron à Montreux-Vieux et le quartier général de Grandvillars à Montreux-Château. Que le P.C. de la division était situé dans un ancien poste de douane allemand à Montreux-Vieux. Probablement celui qui apparait sur la carte postale suivante.

Douane allemande Montreux-Vieux
La douane allemande à Montreux-Vieux.

A noter que le quartier général de la 57e brigade était établi à Romagny et celui de la 58e brigade à Fontaine.
On continue à lire dans l'historique de la 29e division :

    "En tout état de cause, il avait été prévu de déplacer les bureaux du P.C. de la Division de Montreux-Vieux à Montreux-Château, où se trouvait l'état-major de la Division et où se trouvaient également certains baraquements à l'usage des troupes au repos."
L'état Major n'est donc pas parti bien loin puisqu'il a traversé l'ancienne frontière pour se retrouver à Montreux-Château.

    14 septembre. — Les Allemands ont tiré sur la voie ferrée Montreux-Vieux-Vauthiermont et tué 5 Américains à Montreux-Château.

Obus tombé sur les baraquements le 14 septembre 1918 - Montreux-Château
Un obus tombé sur les baraquements à 1h00 du matin le 14 septembre 1918 fait 9 tués et 35 blessés à la compagnie L du 113e régiment d'infanterie de la 29e division - Montreux-Château. (Source : U.S. National Archives and Records Administration)

    N.D.L.R. : Toujours dans l'historique de la 29e division on lit ce long compte-rendu de ce tragique évenement :

     "Juste après minuit, dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 septembre, un terrible bombardement de canons à longue portée commença, au cours duquel l'ennemi toucha directement le centre de l'une des baraques occupées par une partie de la compagnie L du 113e d'infanterie. Sept hommes de cette compagnie furent tués sur le coup et cinquante-quatre autres furent blessés, dont trente durent être évacués vers l'hôpital à l'arrière. D'autres compagnies ont également subi des pertes.
    Le capitaine Claude E. McNenney, qui commandait le détachement médical du 104e bataillon de transmissions de campagne, installa rapidement un poste de premiers secours dans un café voisin et apporta rapidement l'assistance nécessaire aux blessés.

Evacuation des blessés après le bombardement des baraquements - Montreux-Château
Evacuation des blessés après le bombardement des baraquements - Montreux-Château.
(Source : U.S. National Archives and Records Administration)

    Le bataillon des transmissions, qui occupait également des baraquements à Montreux-Château, a été rapidement formé et a marché jusqu'à la périphérie du village jusqu'à la fin du bombardement. Pour ne rien arranger, alors que les troupes étaient conduites loin des baraquements condamnés, les aviateurs allemands balayaient les rues et les routes du village avec des tirs de mitrailleuses.
    Le récit des historiens de la compagnie M, 113e d'infanterie l'une des compagnies ayant subi des pertes humaines, est le suivant :
    "Tout le monde dormait profondément, quand soudain un terrible fracas se fit entendre, et des éclats d'obus tombèrent sur le toit et les tôles sur les côtés de la baraque. À moitié hébétés, nous nous sommes levés et avons attendu un moment, ne réalisant pas tout à fait ce qui venait de se passer. Une deuxième explosion terrible se produisit, remplissant la caserne de fumée et de poudre et ébranlant presque le bâtiment de ses fondations. Sans plus attendre, nous sommes sortis à l'air libre et nous avons assisté à l'un des spectacles les plus horribles que l'on puisse imaginer. Les corps étaient déchirés et déchiquetés de toutes les manières possibles et imaginables. Des gémissements et des cris s'échappaient des décombres de deux baraquements. Un obus avait frappé l'une d'elles en plein milieu, la démolissant totalement, tandis que les éclats d'obus et la commotion avaient détruit l'autre. De lourdes pièces de fer sont tordues dans tous les sens. Les blessés ont reçu des soins immédiats, mais plusieurs d'entre eux ont succombé à leurs blessures.
    "Dans plusieurs cas, des éclats d'obus ont déchiré des vêtements accrochés aux murs, sans jamais toucher leur propriétaire qui gisait sur le sol quelques centimètres plus bas. Le masque à gaz de Leo Leibson, qui reposait sur sa tête, fut criblé de balles et déchiré, alors qu'il s'en tira sans la moindre égratignure.
    "L'enquête a montré que sept personnes avaient été tuées et cinquante-quatre blessées, dont trente ont été envoyées à l'hôpital. La plupart des victimes étaient des membres de la compagnie L, seuls trois hommes de la compagnie M ayant été blessés. Il s'agit des soldats Wiles, Karlson et Bose. Les deux derniers furent obligés d'aller à l'hôpital. L'évacuation des blessés était une tâche dangereuse, car les Allemands avaient une bonne vue d'ensemble de l'endroit et on ne pouvait pas savoir quand un ou deux autres obus allaient arriver. Heureusement, il n'y en a pas eu, sauf quelques uns qui ont endommagé une ou deux maisons de la ville et un pont du canal entre Montreux-Jeune et Montreux-Château.

Pont du canal Montreux-Vieux
Peut-être ce pont traversant le canal entre Montreux-Vieux et Montreux-Jeune.

    "M. Woodring, le secrétaire du bataillon Y. M. Woodring, secrétaire du Y. M. C. A. du bataillon, a rendu des services particulièrement précieux dans le travail dangereux d'administration des mourants et de soins aux blessés.
    "Certains d'entre nous se sont rassemblés dans des caves, où se trouvaient la plupart des civils français, tandis que d'autres sont restés dans les champs. C'était la première fois que Montreux-Château était bombardée par l'artillerie, et les habitants étaient donc quelque peu inquiets, Les habitants étaient donc quelque peu inquiets, car ils connaissaient bien le sort de beaucoup de leurs autres villes. On pensait que les tirs provenaient d'Altkirch, à une douzaine de kilomètres de là.
    "Le général Upton a vu les décombres. Il nous a parlé et nous a assuré que 'l'occasion se présenterait de faire la nique aux Boches. C'est ce que nous avons fait".
L'historien de la compagnie I, 113e d'infanterie, se félicite ainsi qu'aucun homme de sa compagnie n'ait été blessé :
    "Le fait que nous dormions à même le sol a permis d'éviter les pertes. C'était notre première expérience avec les canons boche à longue portée, et les gars étaient tous d'accord pour dire que nous préférions de loin l'affronter au corps à corps plutôt que de rester ici et de tout prendre sans retour en bas. C'était quelque chose dont il fallait se souvenir et chacun d'entre nous attendait son heure. Le Boche devrait payer cher pour les souffrances et les morts qu'il a causées cette nuit".

    Entre le témoignage du curé, la légende de la photo, ainsi que ce compte-rendu, le nombre de morts varie de 5 à 9. Il semblerait que le bon chiffre est le 7, celui donné après enquête. En tout cas, je retrouve 6 tués à la date du 14 septembre 1918 dans l'historique de la 29e division, dont voici les noms :

Soldat Peter GALLAN — Caporal Denis E. GALLIE — Soldat de 1ère classe Robert D. RABE — Soldat Jos. H. SMITH — Soldat Wm. STANKIEWICZ — Soldat Aime TARLOV, plus 1 décédé de ses blessures le jour suivant le 15 septembre 1918 : Soldat A. J. MULVOY.J.

    11 novembre. — Grande nouvelle ! L'armistice a été signé. Tout est pavoisé.

    3 décembre. — Depuis quelques jours, les prisonniers, venant d'Allemagne, passent ici par milliers.

    25 décembre. — L'état-major n'est plus ici. Le dernier général est parti le 18 novembre. Les soldats démobilisés arrivent de tous les coins de l'Alsace. Les trains pour l'intérieur se forment ici ; les soldats sont dirigés sur leurs dépôts, d'où ils rentrent chez eux.
            Prix des denrées en novembre : pommes de terre, de 28 à 30 frs., blé 125 frs., viande de bœuf 2 frs. la livre, veau 2,50 frs., porc 2,50 frs., œufs 8 frs., beurre 6,50 à 7 frs., lait 0,60 fr., une poule 7 frs., un coq 25 frs., un canard 35 frs., un cochon de lait de 80 à 120 frs., une vache 800 frs. et plus, un bœuf 1.000 frs. et plus, un cheval jusqu'à 2.000 frs.

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