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Méli-Melo Belfort
8 novembre 2023

Historique de l’enseignement primaire dans le Territoire de Belfort - Commune de Cravanche.

    Après la commune de Roppe, on poursuit l'Historique de l’enseignement primaire dans le Territoire de Belfort, avant, pendant et après la Révolution française, avec cette fois-ci la commune de Cravanche. Extraits du journal le Ralliement de Belfort des 20 et 25 octobre 1899.

COMMUNE DE CRAVANCHE

     Les archives communales ayant été en grande partie détruites pendant la guerre de 1870 1871, pour faire l'historique de l’enseignement primaire, j'ai dû consulter les personnes les plus âgées de la commune, et m’en rapporter aux renseignements qu'elles ont bien voulu me fournir. Elles m’ont toutes déclaré que pour trouver trace d’instruction dans la commune. Il faut remonter vers l’an 1820.
     Il résulte également des déclarations qu’elles m'ont faites que précédemment, les enfants allaient à l'école à Valdoie, non pas précisément dans le but d’acquérir une certaine instruction, mais seulement pour apprendre à lire afin de pouvoir étudier le catéchisme et faire la première communion.
    Ce n'est que vers l'année 1820 que les parents semblent avoir commencé à comprendre un peu l'utilité de l'instruction. Ils se préoccupèrent alors de fournir à leurs enfants les moyens de l’acquérir, et, dans ce but la commune loua un instituteur (c’est le terme dont en se servait) qui réunit les enfants dans une maison particulière pour leur enseigner les connaissances qu'il possédait : la lecture, l’écriture et un peu de calcul.
     Les enfants des deux sexes étalent admis dans cette école.
    Aucune des personnes que j’ai consultées n’a pu me dire si des enfants d'autres communes y auraient été admis ; elles ne se rappellent pas que le cas se soit présenté, probablement parce que les communes voisines étaient mieux pourvues que celle de Cravanche.
     Dans le début, l’instituteur faisait sa classe dans son unique chambre ; ce local était donc privé, puisqu’il était le logement personnel de l'instituteur ; il était également public, puisqu'il était loué par la commune. Plus tard la classe se fit, dans une salle publique, mais dans une maison particulière.
     Le mobilier scolaire se composait d'une grande table (table à manger) autour de laquelle, assis sur de simples bancs, se trouvaient les élèves sachant lire et apprenant à écrire (Ils n’apprenaient à écrire que lorsqu’ils savaient lire). Ceux qui apprenaient seulement à lire étaient assis sur des bancs, sans table, placés autour de la salle. Il n’y avait ni carte ni tableau noir ; la commune fournissait le bois pour le chauffage.
     La commune payait un faible traitement à l'instituteur, louait le local où se faisait la classe et fournissait le bois pour
le chauffage ; elle ne s’imposait aucun autre sacrifice.
    L’école a toujours été dirigée par un instituteur laïque.
    Elle ne desservait que la commune.
    L’instituteur était choisi pat le maire et le conseil municipal.
    Il lui suffisait de savoir lire, écrire et un peu compter ; on n'exigeait de lui aucune garantie.
    Le premier instituteur qu’a eu la commune a exercé les fonctions de garde-champêtre ; quelques personnes prétendent en même temps temps que celles d'instituteur, d’autres prétendent que c’est après ; je n’ai pu savoir lesquelles avaient raison. Quant aux suivants, ils n’ont tous exercé que les fonctions de secrétaire de mairie, autres que celles d'instituteur.
     L'instituteur recevait un faible traitement qu’on n’a pu m’indiquer ; les élèves sachant lire payaient 0,10 centimes par semaine et ceux qui apprenaient 0,05 centimes seulement. C'est tout ce qu'il recevait, et il ne jouissait d’aucun privilège Peut être lui en aurait-on accordé s'il avait été fixé dans la commune ; mais c’était toujours un célibataire qui prenait pension et qui quittait la commune lorsque ses six mois de classe étalent écoulés.
    La classe durait 6 heures par jour ; de 8 heures à 11 heure du malin et de 1 heure à 4 heures du soir.
    Elle n’avait lieu qu'en hiver, à peu près pendant six mois.
    Les enfants n'apprenaient qu'à lire et à écrire. S’ils fréquentaient la classe assez longtemps, et s’ils étaient intelligents, le maître leur apprenait aussi à compter Ceux qui parvenaient à pouvoir écrire une lettre, à faire une addition et une soustraction, étaient considérés comme des savants ; ceux qui parvenaient à savoir tant soit peu lire et signer leur nom étaient déjà bien heureux. Tous les livres étaient bons pour aller à l’école : almanach, histoire sainte, etc. etc.
     La première maison commune, celle qui existe encore actuellement, date de 1843 ; jusqu’à cette époque l’organisation scolaire a toujours été comme je viens de le dire. Je pense que c’est par suite de la loi Guizot que la commune a été mise en demeure de se pourvoir d’une maison commune. Et cependant le conseil municipal, par une délibération en date du 5 mai 1839 (la plus ancienne qui existe dans les archives), demande l'autorisation de vendre une coupe extraordinaire pour le produit en être employé à la construction d’une maison d'école, et se plaint qu’une pareille demande faite l’année précédente n’ait pas été accueillie favorablement. Par une autre délibération en date du même jour, le conseil fixait, ainsi qu’il suit, les dépenses de l'instruction primaire :
     1° Traitement fixe de l'instituteur, 200 fr.
     2° Rétribution scolaire (par mois et par élève non indigent) 0 fr. 20.
     3° Loyer et ameublement de la maison d’école, 72 fr.
     La commune ayant été autorisée à vendre une coupe extraordinaire, le conseil municipal demande, le 23 juin 1839, l’autorisation de construire une maison commune dont le devis s’élève à :

Construction du bâtiment

2339 fr. 90

Dépenses imprévues

100 fr. 00

Honoraires de l’architecte

96 fr. 82

Emplacement (Achat de terrain)

250 fr. 00

Total

2,786 fr. 72

    Par suite de je ne sais quelles circonstances ce projet n’a pas été mis à exécution, et la commune acheta en décembre 1842 le corps de logis d’une maison particulière qu’elle convertit en maison commune. Cette acquisition coûta 3.600 francs à la commune.

Mairie et Ecoles de Cravanche (90)
La mairie et les écoles de Cravanche (90). AD du Territoire de Belfort.

     En 1840, 1841, 1842 et 1843, le traitement fixe de l’instituteur fut de 200 fr., mais la rétribution solaire fixée à 0 fr. 20 par mois et par élève non indigent en 1840, fut portée à 0 fr. 50 en 1841, et à 0 fr. 60 pour les élèves ne sachant pas lire et à 0 fr. 75 pour les élèves sachant lire, en 1842 et 1843.
     Une délibération du conseil municipal en date du 18 juin 1843, fixe ainsi qu'il suit le traitement de l’instituteur :
     Traitement fixe, 260 fr.
     Mairie, 50 fr.
     Rétribution scolaire (par année et par élève), 4 fr.
     Et le chauffage, 8 stères de bois et 100 fagots.
     La délibération ajoute que les 4 fr. dus par chaque élève non indigent, seront payés au commencement de chaque trimestre (c’est plutôt à la fin de chaque trimestre qu’on a voulu dire), c’est-à-dire le 1er janvier et le 1er avril. Cela indique qu’à cette époque, la classe n’avait encore lieu que pendant deux trimestres d’hiver. Il est à remarquer que la délibération susmentionnée élève le traitement fixe de l’instituteur ; mais qu’elle diminue le montant de la rétribution scolaire : précédemment un élève sachant lire payait 0,75 X 3= 2 fr. 25 et il ne payera plus que 2 francs. (En admettant, comme je le crois d’après les renseignements qui m’ont été fournis, que la classe n’ait eu lieu que pendant deux trimestres). Le traitement de l’instituteur est réglé de la même façon jusqu’en 1848. A partir de cette époque, les registres des délibérations du conseil municipal n’existant plus aux archives, Je n’ai pu trouver aucun document qui ait pu m'indiquer la progression du traitement de l’instituteur.
     Lorsque la commune eut fait l’acquisition d’une maison devant servir de maison d’école, elle dut aussi faire celle d’un mobilier scolaire se composant de tables bancs, tableaux noirs et cartes. Ce mobilier scolaire avait été complètement abîmé par les soldats allemands en 1870 1871. Un secours de 600 francs accordé par le gouvernement à la commune en 1880, lui a permis de le renouveler.
     La maison d’école est encore la première, et par conséquent la seule qu’ait eue la commune de Cravanche ; il n’y a été fait aucune reconstruction ni agrandissement ; quelques réparations seulement en 1880, avec un secours de 3,800 francs accordé par le gouvernement
     La commune vote chaque année, à part une somme de 350 fr. environ pour le service de l’instruction primaire, une somme de 25 fr. pour l’entretien de la maison commune et du mobilier
     Suivant les renseignements qui m’ont été fournis, comme je l’ai déjà dit, par les personnes âgées de la commune, les instituteurs qui auraient exercé dans la commune de Cravanche, seraient : MM Bonnotaux, Didier, Piguet, Faite, Richard, Barberot. Genn, Meuret, Verrier, Ory, Démeusy, Habersetzer et Lacreuse.
     Toutes les recherches que j’ai faites pour trouver la date d'entrée et de sortie de ces messieurs, ont été presque inutiles, puisqu’il ne m’a été possible de retrouver que celles des deux derniers. Je ne puis même assurer qu'ils se soient succédé comme ci-dessus. Toutefois je pense que le sieur Richard a dû exercer les fonctions d’instituteur à Cravanche depuis 1843 à 1852. Pendant ce temps, je l’ai trouvé porté comme témoin sur la majeure partie des actes de l'état-civil.
     La gratuité n’existait pas à l’école de Cravanche avant la loi du 16 juin 1881.
     Il n’y a jamais eu de cours d’adultes que pendant l’hiver de 1878-1879.
     Elle n’a jamais été dirigée par un instituteur ou une institutrice congréganiste.
     C’est en 1879 que le premier certificat d’études a été obtenu par un élève de l’école de Cravanche.
     Aucun élève portant de cette école, n’est entré dans l’université.
     Il n’y a point d’association des anciens élèves de l’école de Cravanche.
     En 1870 1871 les soldats allemands ont occupé le village de Cravanche pendant le siège de Belfort. Ils se sont emparés du matériel scolaire, principalement des bancs, qu’ils avaient transportés dans la cour de la brasserie. L’école fut fermée et la classe ne recommença qu’au mois de mai 1871

Brasserie Restaurant Pangon Cravanche (90)
Restaurant Brasserie PANGON à Cravanche (90).

N.D.L.R. : Si le terme brasserie s'applique ici à un établissement qui vend de la bière et non pas qui la fabrique, on trouve, via les cartes postales, 2 brasseries qui pourraient convenir pour celle occupée par les prussiens. La brasserie Pangon, voir ci-dessus, et la brasserie A. Valot, voir ci-dessous.

Brasserie Epicerie A
Brasserie Epicerie A. Valot à Cravanche (90). Source, Mairie de Cravanche, collection Voiland.

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