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Méli-Melo Belfort
25 décembre 2023

Le Noël du paysan belfortain en 1889.

    En 1889, Albert le Duc, dans un article intitulé "Le Noël du paysan belfortain" du journal le Ralliement du 26 décembre 1889, parle du Noël traditionnel de Belfort, différent de celui allemand avec le sapin, et prophétise, à tort, que l'on adoptera jamais la coutume, bien que les enfants y trouvent leur compte.

Le Noël du Paysan belfortain.


     Brr... Il arrive à male heure, le pauvret : la neige couvre la terre, la bise fait rage, le rhume et les engelures le guettent au coin des rues ; mais dans le poêle bien chaud, chacun s’empresse à sa rencontre et l’accueille avec joie.
     Vite, qu’on le débarrasse de sa bûche, et qu’un feu vif et clair rie à sa bienvenue.
     Fillette, avancez un siège, et vous, accorte ménagère, courez au cellier et apportez du meilleur. Que la plus franche gaieté règne céans : plaisantons, chantons, buvons, gaudissons-nous sans contrainte, et fêtons dignement notre Noël à nous, le Noël du paysan belfortain.
     Vive Noël !

     Ils sont nombreux autour de la table, jeunes et vieux, aïeuls et petits-fils, si nombreux même, que les amoureux, faute
de place, sont obligés de se serrer tout près l’un contre l’autre.
     On boit la goutte à plein verre ; non de cet affreux liquide que la Prusse et la Suisse nous livrent par la main les contrebandiers ; mais de cette liqueur généreuse qu'élaborent les fruits de l’Alsace mûris par le soleil de France.
     On boit pour trinquer, et l’on trinque pour boire. Les santés se succèdent au milieu des éclats de rire et des lazzis. D'heure en heure, l’animation devient plus bruyante, mais sans jamais dépasser la mesure, car il s’agit de se tenir en état
d’assister à l'office de minuit.
     L'arbre de Noël illuminé et enrubanné des pays du Nord n'est pas le héros de cette fête villageoise. Permis aux Allemands de nasiller langoureusement, entre deux chopes de bière, le soporifique refrain : « O Tannenbaum wie schön sind deine Blätter ! » le paysan français ne connaît d'autre arbre national que le chêne noueux et branchu, le chêne robuste, comme la vieille race gauloise qu’il symbolise.
     Le sapin monotone « aux rameaux éplorés », — pour parler en poète, — convient plutôt aux régions froides où végète le houblon, où grelottent les hommes à cheveux roux ; jamais il ne dominera en maitre ni sur notre sol, ni dans nos cœurs.
     Les enfants eux-mêmes le dédaigneraient, n’étaient les bonbons et les joujoux sous lesquels il a soin de dissimuler la
banale symétrie de ses branches grêles et courtes.
     Mais nos petits camarades n'ont garde de le regretter, car la coutume alsacienne se charge de leur fournir des compensations suffisantes.
     Il faut les voir, le jour de Noël, dans toute la splendeur de leurs habits neufs, assiéger parrains et marraines, réclamer,
entre deux baisers, un ramin farci de quartiers de pommes et de poires, une wecke beurrée ployée en forme de croissant, et quelques sous qui seront employés a des achats d’une importance capitale, que chacun, cependant, peut facilement deviner.
     Non, un roi n'est pas plus fier sous sa couronne, que nos charmants bambins sous le poids de ces pâtisseries affriolantes !
     Lecteur, vous en souvient-il ?

Albert Le Duc.

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