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Méli-Melo Belfort
10 janvier 2024

Essai sur l'historiographie du territoire de Belfort, par Jules Joachim.

    Dans la Revue d'Alsace de 1947, Jules Joachim fait un état non exhaustif des publications historiques en rapport avec l'histoire de Belfort et sa région, et de son département à partir de 1871. Autant pour montrer les secteurs et périodes déjà étudiés, que pour montrer les nombreuses lacunes, et également dans l'objectif d’orienter les futures recherches des érudits. J'ai profité de ce que permet internet de nos jours, pour lier, dans la mesure du possible, les publications citées, avec leurs disponibilités en ligne.

ESSAI SUR L'HISTORIOGRAPHIE DU TERRITOIRE DE BELFORT

     Région de passage, et de passage à la frontière, pour reprendre la définition d'André Gibert, ce qui forme aujourd'hui le Territoire de Belfort n'a jamais eu d'existence propre avant qu'en 1871 le traité de Francfort le séparât du reste du Haut-Rhin. En effet, il n’y a jamais eu un pays de Belfort comme il y avait tout auprès un pays de Montbéliard et un pays de Porrentruy, car jamais ce que d'aucuns ont naguère essayé, sans succès d'ailleurs, de nommer la Belfortie ou le Belfortais, n'a formé un petit état comme les deux principautés voisines. Le Château de Montbéliard et celui de Porrentruy étaient des résidences princières, sièges d'une petite cour et centres d'une vie locale ; le Château de Belfort n'a jamais été qu'une citadelle et une caserne, dont les seigneurs résidaient, suivant les temps, à Innsbruck ou à Vienne, à Paris, Versailles ou Monaco, les administrateurs à Ensisheim ou à Strasbourg.

    Ne nous étonnons point, par conséquent, de ce que pendant trop mal longtemps personne n’ait entrepris d’écrire l’histoire d’un pays aussi mal défini. Pour connaître quelque chose de son passé, il a fallu, jusqu’au XIXe siècle, en glaner les éléments dispersés dans les ouvrages consacrés à l'ensemble de l'Alsace, chez Laguille, Schoepflin, Grandidier et les autres. Qui d'ailleurs se fût intéressé à des recherches érudites dans une région encore purement rurale et pauvre, dont la principale ville n'était qu'une place forte doublée d'un marché, sans grand monastère, sans collège, sans cour de justice, sans rien qui pût y promouvoir la vie intellectuelle ? Lorsqu'en 1808, l'abbé Descharrières, père de l’historiographie belfortaine, publia son Essai sur l’histoire littéraire de Belfort et du voisinage, il est remarquable qu’il n'ait trouvé à citer ni un chroniqueur, ni un annaliste, ni à plus forte raison aucun historien local.

    Il en fut ainsi jusqu'au milieu du XIXe siècle. Car si Descharrières lui-même avait écrit une volumineuse Histoire générale et particulière des ville et Comté de Belfort, terminée en 1826, elle était restée manuscrite, et c'est seulement en 1864 que, pour la première fois, un fragment en fut publié, que d'autres suivirent plus tard. Il en est de même pour la Chronique belfortaine de l'abbé Henri Schuler, mort en 1812, restée inédite jusqu'en 1903.

    Le milieu du XIXe siècle vit se produire dans toute la région un vif mouvement d'intérêt pour les études locales. A Porrentruy se créait en 1847 la Société jurassienne d'émulation dont un siècle écoulé n'a pas ralenti l'activité. La Société d’émulation de Montbéliard la suivit en 1850, et la même année Liblin commençait à Colmar la publication de sa Revue d'Alsace. Quelques belfortains suivirent peu à peu ces exemples, et dès 1855 parut l'Histoire pittoresque et anecdotique de Belfort et de ses environs de Corret, dont le titre dit assez le caractère, mais qui eut le mérite d'attirer l’attention du public sur le passé d’une ville, et, d'un pays par trop négligés jusqu'alors. Quant à Liblin, n'oublions pas qu'il était de Grosne, non loin de Belfort et qu'il fut, heureux d'accueillir dans la Revue les articles que lui apportaient des compatriotes comme Henri Bardy, Georges Corbis ou Tallon, des voisins comme Quiquerez ou Tuefferd.

    Ce n'étaient là pourtant que des efforts isolés. Il fallut les événements de 1870-71 et la création du Territoire de Belfort pour les voir s'amplifier, et se grouper.

    Lorsqu'en 1872, J.-J. Dietrich, émigré de Colmar, fonda la Société belfortaine d’émulation, il songeait peut-être surtout à créer au pays resté français, un centre indépendant d'études alsatiques. Mais par la force même des choses, la jeune Société prit dès le début un caractère presque exclusivement belfortain, qui s'accentua de plus en plus dans les 54 volumes de son Bulletin parus jusqu'en 1946. Sans doute ce recueil n'est pas uniquement historique, et une place importante y est réservée aux sciences naturelles ; mais l'étude du passé local reste la préoccupation dominante de ses collaborateurs, et il constitue la source essentielle à laquelle doit puiser quiconque s'intéresse à l'histoire belfortaine.

    Dietrich avait été rejoint à Belfort par Liblin, rentré de sa captivité en Allemagne, et qui entreprit aussitôt de faire revivre la Revue d’Alsace. Or, pour remplacer l'année 1871, il donna à ses abonnés un volume entièrement consacré au nouveau Territoire. Jusqu'à, sa mort, il ne cessa d'écrire lui-même ou d'accueillir dans sa Revue des articles relatifs à son pays natal, et ses successeurs ont tenu à l'imiter.

    Bulletin de la Société belfortaine d'émulation (BB) et Revue d'Alsace (RA), tels sont donc les deux recueils qui contiennent presque toute l'histoire Belfortaine. Peu de livres lui ont été consacrés ; en dehors de ceux qui ont trait à la guerre de 1870, ou à celles de 1914 et de 1939. N’oublions pas cependant les ouvrages généraux sur l'Alsace, ceux du moins qui ont laissé au pays de Belfort sa place légitime dans l’histoire de la province, alors que trop d'écrivains, au temps de l’annexion, prenaient comme cadre de leurs études le Reichsland bismarckien, même quand ils parlaient de l'époque antérieure à 1870. On trouvera souvent aussi beaucoup à prendre chez les érudits du Jura bernois ou chez ceux de Montbéliard, beaucoup moins chez les écrivains comtois.

    Quel est, à l'heure actuelle, le résultat de toutes ces recherches, et dans quel sens faut-il souhaiter de voir s’orienter les travaux ultérieurs ? Nous voudrions le montrer brièvement, sans pourtant nous astreindre à une fastidieuse nomenclature bibliographique. Une Bibliographie du Territoire de Belfort est d’ailleurs en préparation.

    La première étude d'ensemble, a été celle de Liblin : Belfort et son Territoire (RA, 1871 ; 2e éd. Mulhouse, 1877). Mais les « notions générales » n'en forment que l'introduction, le livre lui-même étant conçu comme un dictionnaire historique des communes du Territoire, très imparfait, mais bien supérieur à celui de Baquol, et qui peut servir pour une première orientation. L’Histoire du Territoire de Belfort de Pierre Haas (Besançon, 1944) est un livre scolaire de grand mérite, mais, non un travail d’érudition.

    Tout autre est le grand ouvrage d'André Gibert : La Porte de Bourgogne et d'Alsace (Paris, s. d. 1930), étude géographique, sans doute, mais qui fait une large place aux conditions politiques successives auxquelles a été soumise cette « porte des peuples », et à leurs conséquences, comme à l'évolution de la vie sociale et économique. C’est le livre indispensable que doit étudier d’abord quiconque s’intéresse au Territoire de Belfort, le guide auquel il faut recourir sans cesse, « une œuvre maîtresse, unique dans la littérature alsatique », disions-nous, lors de sa publication (RA, 1931, p. 400), et dont la longue fréquentation ne nous a point donné une autre opinion.

    Les temps préhistoriques ont fait l'objet de nombreuses notes, consacrées surtout aux grottes de Cravanche. Le premier essai de synthèse vient d’être tenté dans l'ouvrage d'André Glory : La Civilisation du néolithique en Haute-Alsace (Strasbourg, 1942), point de départ obligé de toutes les recherches ultérieures. Souhaitons seulement que les nouvelles trouvailles, au lieu de se perdre, inutiles et ignorées, dans des collections particulières, soient remises au Musée de Belfort et étudiées scientifiquement.

    Il n'existe encore pas de travail d'ensemble sur l’époque gallo-romaine. L'emplacement de la bataille de César et d'Arioviste d’une part, le tracé des voies romaines et l'emplacement de la mystérieuse station de Gramatum de l’autre, ont surtout attiré la curiosité des chercheurs. Il serait désirable que l'on soumît à un examen critique toutes les données fournies jusqu'ici par l'archéologie et la linguistique, que des fouilles nouvelles soient entreprises, et qu'on nous donne pour le Territoire un pendant des beaux travaux publiés par L. G. Werner sur les arrondissements de Mulhouse et d'Altkirch au Bulletin du Musée historique de Mulhouse en 1913 et 1922.

    Même remarque pour le temps des invasions barbares et de la royauté mérovingienne. L'ouvrage de Ferdinand Scheurer et Anatole Lablotier sur les Fouilles du cimetière barbare de Bourogne (Paris-Nancy, 1914) est de tout premier ordre, mais personne n’a étudié avec le même soin et comparé entre eux les objets découverts en divers points du Territoire. On a d'autre part fait un gros effort pour expliquer les noms des villages et en découvrir l'origine probable, depuis les Études étymologiques sur les noms des communes du Territoire de Belfort de l'abbé Arnold (Montbéliard, 1876), jusqu'aux nombreux articles de F. Pajot, parus au BB de 1912 à 1935, au travail de Lotte Risch. Beiträge zur romanischen Ortsnamenkunde des Oberelsass (Jena et Leipzig, 1932), et surtout aux savantes recherches de Th. Perrenot présentées sous leur forme définitive dans son livre posthume La Toponymie burgonde (Paris, 1942). — L’hagiographie, enfin, si précieuse aussi pour l'étude de cette période, a peu attiré les chercheurs belfortains, C’est à Besançon que l'abbé Tournier a publié en 1910 sa brochure : le Martyre de Saint Maimbœuf à Dampierre-sur-Linotte, prouvant définitivement que l’événement ne s'est pas produit à Froidefontaine comme on le disait en général. Pour Saint-Dizier, il faut encore recourir à l'introduction que W. Levison a mise en tête de la Passio Desiderii Episcopi publiée par lui dans les Monumenta Germaniae historica (Scriptores rerum merovingicarum, t.VI, p. 51 ss.), et à son étude : Die Urkunden des Elsässischen Grafen Eberhard und die Vita Desiderii Alsegaudiensis (Neues Archiv, t. XXVII. 1902). Une excellente notice de Jean Hubert : Les Monuments funéraires de l'église de Saint-Dizier en Alsace, parue au Bulletin monumental de 1935, a montré qu'Il s'agit d'œuvres pré-romanes, immédiatement postérieures à la mort du saint vers la fin du VIIe siècle. Reste à faire la synthèse, au moins provisoire, des résultats obtenus. En attendant, on en trouvera une intéressante esquisse dans le livre d'André Gibert.

    Avec le moyen âge, les documents se font plus nombreux, mais, leur grande dispersion, les rend difficilement accessibles aux chercheurs belfortains qui n'ont à leur disposition que les archives municipales de Belfort même, et des rares communes qui ont conservé au moins partie des leurs, malgré les guerres, les pillages, les incendies, et l'incurie trop fréquente des municipalités. Les Archives départementales ne remontent vraiment qu'a 1871, malgré le versement malencontreux qui leur a été fait par Colmar de quelques cartons plus anciens. Aucun inventaire n'a été publié dans le Territoire.

    Le fonds essentiel est celui des Archives départementales du Haut-Rhin, à Colmar. Mais s'il existe un Inventaire Imprimé des actes de la Régence d'Ensisheim, celui du fonds Mazarin, publié en partie, est inutilisable, ses indications ne correspondant pas toujours avec contenu des liasses. Tout le reste n'a que des inventaires manuscrits, à employer seulement sur place. Il faut ensuite recourir aux Archives du Doubs pour l'histoire des paroisses du Territoire ayant fait partie du diocèse de Besançon, et à celles de Berne pour les paroisses du diocèse de Bâle. Monaco possède un fonds, du Sundgau, sans inventaire publié, qui complète le fonds Mazarin de Colmar. Puis, il faut fouiller encore les divers dépôts de Strasbourg, Bâle, Porrentruy, Montbéliard, Innsbruck, sans oublier à Paris, les Archives Nationales ou celles des Ministères de la Guerre et des Affaires étrangères. On comprendra donc que, mal renseignés, trop d'érudits locaux se soient bornés aux sources imprimées et aux archives municipales, et que leurs travaux, souvent très sérieux, restent malheureusement incomplets.

    Dans ces conditions, la besogne qui s'impose, après la publication des inventaires d'archives, est celle des documents eux-mêmes. Déjà en composant les cinq gros volumes de ses Monuments de l'histoire de de l'ancien Évêché de Bâle (Porrentruy, 1852-1867), J. Trouillat et son continuateur, l'abbé Vautrey, avaient accumulé quantité de textes intéressant aussi les localités et les familles de la haute Alsace. Léon Viellard les imita avec ses Documents et mémoire pour servir à l’histoire du Territoire de Belfort (Besançon, 1884), dont l'importance est capitale. On regrette seulement que ce recueil s'arrête à l'année 1250. Il rendrait un bien grand service, l'érudit qui le continuerait par exemple jusqu'en 1500, date à laquelle se terminent les Monuments de Trouillat. Dans, cet ordre d'idées, nous n'avons guère à signaler que le très utile Répertoire des titres féodaux concernant les localités du Territoire de Belfort de 1274 à 1648 de Félix Schaedlin (BB, 1935).

    L'histoire de la Porte de Bourgogne et d'Alsace, depuis le début du moyen âge, est avant tout celle de la rivalité des possesseurs des deux, pays voisins, et parfois même, derrière eux, des rois de France et des empereurs, désireux de se rendre maîtres du passage. C'est ce qu'ont bien montré surtout Léon Viellard : La Défense de la trouée de Belfort au moyen âge (BB, 1875-1876), A. Kleinclausz : Les origines de la ville et de la commune de Belfort et la politique de Renaud de Bourgogne (BB, 1895), et plus, récemment M. Grosdidier de Matons : Le Comté de Bar, des origines au traité de Bruges (Mém. de la Société des Lettres, Sciences et Arts, de Bar-le-Duc, 1918-1925). De même tous les historiens de l’Alsace ont raconté comment en 1324 le mariage de Jeanne de Ferrette avec Albert d’Autriche rattacha définitivement à l'Alsace, sous la domination des Habsbourg, la région de Belfort jusque-là indécise entre ses deux voisins. Mais de cette domination autrichienne, elle-même, l'histoire reste à écrire. Pendant longtemps leurs possessions d'Alsace ne furent, on le sait, pour les besogneux ducs d’Autriche qu'un gage leur permettant d’emprunter l'argent qui leur manquait. Or si, grâce aux savants ouvrages de Louis Stouff, notamment Les Origines de l'annexion de la Haute-Alsace à la Bourgogne en 1469 (Paris, 1901) et Catherine de Bourgogne et la féodalité de l'Alsace autrichienne (Paris, 1913), nous savons comment à deux reprises faillit se réaliser la mainmise bourguignonne sur le pays ; si l’échec de cette tentative nous est bien connu, notamment par le Pierre de Hagenbach et la domination bourguignonne en Alsace de Ch. Nerlinger (Nancy, 1890), personne n'a encore étudié méthodiquement l'administration des autres seigneurs engagistes, et notamment des Morimont. On souhaiterait de même une bonne histoire de la Régence d'Ensisheim et du gouvernement des Archiducs après le rachat des gageries, spécialement dans le pays de langue française où fut entrepris, un instant, un curieux essai de germanisation. Rien de précis non plus sur les mesures prises pour empêcher la contagion du protestantisme triomphant à Montbéliard, et que des mineurs venus de Saxe menaçaient de propager dans la vallée de Giromagny : création d'une paroisse à Giromagny, installation à Belfort de capucins franc-comtois, etc . Du moins a-t-on une bonne étude d’A. Tuetey sur les Allemands en France et l'invasion du comté de Montbéliard par les Lorrains (1587-1588) (Paris, 1883, 2 vol.), invasion qui n'épargna pas le Territoire de Belfort. — Sur les débuts de la Réforme, Félix Schaedelin, se demandant A quelle époque remonte le chant du Rosemont (RA, 1927), a établi qu'il faut y voir un curieux souvenir de la révolte des rustauds en 1525.

    La guerre de Trente Ans a fait l'objet d'un des premiers travaux d’Henri Bardy, Les Suédois dans le Sundgau (RA, 1853-1856), œuvre de jeunesse que son auteur désavouait sur le tard. Il faut donc glaner dans l'ouvrage compact de J. B. Ellerbach, Der dreissigjährige Krieg im Elsass (Carspach et Mulhouse, 1912-1929, 3 vol.), dont on regrettera surtout la documentation unilatérale, les sources françaises restant ignorées. On y joindra un article de L. Klipffel : La Guerre de Trente ans dans la région de Belfort (BB, 1907), et divers articles de Dubail-Roy sur la ville de Belfort parus au BB. L'histoire de cette période reste donc à reprendre.

    Le régime centralisateur de la royauté française enlève à notre coin d'Alsace ce qui lui restait d'originalité, et c'est aux histoires générales de la province, nous l'avons dit, notamment aux grands ouvrages de Rodolphe Reuss et de l'abbé Hoffmann, qu'il faut recourir d'abord pour avoir une idée de la vie belfortaine de 1648 à la révolution. Il reste pourtant un souvenir du morcellement féodal dans le partage compliqué du pays entre des seigneuries aux droits enchevêtrés sur lesquelles manque encore une bonne étude d'ensemble. Les, familles nobles elles-mêmes ont été l'objet de trop peu de travaux complétant et précisant les notices de Lehr ou de Kindler von Knobloch. Citons cependant Tuefferd : Généalogie de quelques familles nobles de la Haute-Alsace (RA, 1879) ; L. Herbelin : L'ancienne famille noble de Delle (BB, 1915-1916) ; Essai sur la famille noble de Brinighoffen (RA, 1919 et 1920) ; Th. Walter : Les Sires de Brinighoffen (Mulhouse, 1920) ; Félix Schaedelin : Le Fief de Roppe et ses familles féodales (BB, 1927-1928) ; H. Bardy : Notice sur l’ancienne famille noble de Montreux (RA, 1857), etc. Il serait intéressant de montrer comment les familles de vieille noblesse locale disparaissant peu à peu, elles furent remplacées par d'autres, issues presque toutes d'officiers amenés dans le pays par les hasards de la guerre ou de la vie de garnison, et s'y mariant. Nous savons qu'un Armorial du Territoire de Belfort est en préparation.

    Il manque encore un bon travail sur l'administration des Mazarin, seigneurs du pays de 1659 a la révolution. Notons seulement l'intéressant article de F. Schaedelin sur les Ducs de Mazarin et leurs droits de justice dans la haute Alsace (BB, 1929).

    L'histoire des localités a fait l’objet de recherches plus actives. On a beaucoup écrit, surtout sur la ville de Belfort, sans que nous possédions encore le livre définitif que nous souhaiterions. L'Etude historique sur Belfort d'Henri Bardy (BB, 1897-1901) est en effet une œuvre excellente, fruit d'un demi-siècle de recherches consciencieuses, mais à laquelle manque surtout l’exploration des archives colmariennes. Nous ne pouvons songer à mentionner ici les très nombreux articles consacrés à Belfort, des origines à la révolution, par Corbis, Dubail-Roy, L. Herbelin, S. Dreyfus, Stouff, P. Pélot, L. Kauffmann, etc. presque tous au BB. Il faut pourtant citer les notices de Papuchon et le très bel album de vues et de plans qui les accompagne (Supplément au BB, 1889), puis l'importante étude de Gaston Zeller sur l'Organisation défensive des frontières du Nord et de l’Est au XVIIe siècle (Paris, 1928). D'autre part, J. Liblin s'est occupé des Eglises de Belfort (RA, 1880-1881). Mgr. Humbrecht a écrit un bon Mémoire historique sur les Hôpitaux de Belfort (Belfort, 1895), complété par l'Hôpital militaire de Belfort de des Cilleuls et Caux (BB, 1932).

    La plupart des autres localités attendent encore leur historien. On doit user avec précaution des trois gros volumes relatifs à Beaucourt que le Dr Muston a publiés sous le titre Histoire d’un village (Montbéliard, 1882). On y ajoutera les Francs de Beaucourt de L. Herbelin (BB, 1922). On regrette vivement qu'Anatole Lablotier n'ait pas terminé avant sa mort ses remarquables Contributions à l'histoire religieuse de Bourogne (BB, 1934-1937), ou à d'autres points de l’histoire du village. Sur Châtenois-les-Forges nous n'avons, en dehors de diverses notes d'A. Vautherin et d’H. Bardy, que les feuilletons parus dans « la Croix de Belfort » en 1926 et 1927, travail de vulgarisation qui mériterait d’être repris. Les Notes pour servir à l'histoire de Delle de L. Herbelin (RA, 1911 et 1914), deux articles de Léon Viellard (BB, 1874 et 1890-1891) et nos diverses contributions personnelles sont loin de constituer une histoire complète de la petite ville. A l'Histoire de Grandvillars et à celle de Morvillars et Méziré d'Albert Viellard on ne reproche que leur brièveté. Charles Feltin a composé une bonne monographie de Florimont (BB, 1898) qu'il sied de compléter par le livre de L. Stouff cité plus, haut. (Origines de l'annexion de la Haute-Alsace à la Bourgogne). L’abbé Behra a consacré un copieux volume aux Trois Montreux (Mulhouse, 1929) dont un Montreux-Château, appartient au Territoire. Une histoire de Saint-Dizier l'Evêque, qui manque encore, est en préparation. Enfin Ed. Charpiat a publié sur l'histoire de Suarce (BB, 1939 et 1940-1946) une série d’articles dont on souhaite fort la continuation.

    L’histoire des paroisses va de pair avec celle des villages. Mais nul n'a encore essayé de rechercher leurs origines, et l'établissement de la liste de leurs curés se heurte à de telles difficultés qu’on rendrait un grand service en donnant une édition critique du Pouillé des Carmes de Besançon, complété et poursuivi jusqu'à nos jours. A peu près rien non plus sur les formes anciennes de la vie religieuse, le culte des saints, les pèlerinages, etc.

    On attend encore une histoire du Chapitre de Belfort et les notes anonymes sur les Capucins de Belfort (BB, 1927-1928) dont l’auteur était le chanoine Musy, sont à reprendre et à compléter. Nous n'avons que des indications, éparses sur les anciens prieurés de Froidefontaine et de Meroux. Celui de Saint-Nicolas-des-Bois a été l’objet d’un article d'Emile Keller (RA, 1902), trop sommaire, lui aussi. La desserte de la paroisse de Giromagny par les Picpuciens n’a pas été étudiée. En somme, la seule maison religieuse sur laquelle nous possédions un travail bien documenté et aussi complet que possible est, grâce à F. Schaedelin, La Commanderie de Saint-Antoine à Froideval (RA, 1931).

    A part quelques articles d'Henri Bardy, la période révolutionnaire n'a été abordée que récemment. Les événements de 1789 ont été étudiés par Ch. Hoffmann : Les Élections aux Etats-Généraux (Colmar-Belfort) (RA, 1903-1906), et Les Troubles de 1789 dans la Haute-Alsace (RA, 1907), par Léon Sahler : La Fin d’un régime. Montbéliard, Belfort et la Haute-Alsace au début de la révolution française (Mémoires de la Soc. d'Emul. de Montbéliard, 1911), et par Henri Bardy : Les volontaires à cheval à Belfort en 1789 (RA, 1863). Ce dernier auteur a malheureusement arrêté en 1790 son histoire de Belfort et n’a fait que quelques brèves incursions dans la période postérieure. Nous devons à F. Schaedelin quelques bons travaux : Une affaire d'exportation de numéraire dans le Haut-Rhin en 1791 (RA, 1929), La fuite à Belfort du Directoire du Département du Haut-Rhin, septembre 1790 (RA, 1930), Les Volontaires belfortains et la crise morale de 1793 (BB, 1933), en plus de sa biographie de Joseph Bruat (Colmar, 1932) et de son grand ouvrage sur L'émigration révolutionnaire du Haut-Rhin (Colmar, 1937-1946). On trouvera beaucoup à prendre dans le recueil du Capitaine Chognard : Etude sur les gardes nationales et sur les levés de troupes dans le département du Haut-Rhin pendant la Révolution, en regrettant que les documents soient cités sans aucune indication de source (BB, 1914-1921). Notre histoire de La crise religieuse à Belfort pendant la révolution reste en manuscrit en attendant des jours meilleurs. Il en est de même de notre recueil des actes de la Société Populaire de Delle. En attendant, nous avons publié une série de biographies : Fort Lespomarède (RA, 1914), Boutier de Catus (BB, 1925-1926), Jean-Pierre Courtot (BB, 1931), Jean-Pierre Oeuvrard (BB, 1934), Pierre-Ignace Pergaud (BB, 1938), l’abbé Conrad Milet (BB, 1939) ; puis Les Capucins de Belfort et la révolution (RA, 1936) ; L’expédition des Belfortains contre Montbéliard (Montbéliard, 1936) ; les Fêtes civiques à Delle au temps du Directoire (BB, 1912), Le Département de la Savoureuse (BB, 1946) etc. Ajoutons enfin sur cette période et celle du premier Empire, les Biographies des anciens généraux du Territoire de Belfort de Louis Herbelin (BB, 1911-1913).

    Au XIXe siècle, ce qui a principalement attiré l'attention des historiens du Territoire, ce sont les guerres et les invasions, et surtout les, sièges de Belfort en 1814, 1815, 1870-1871. Il y a à ce sujet une production tellement abondante, en France et en Allemagne, que nous devons renoncer à rien citer. Récits des belligérants eux-mêmes, des grands chefs aux simples soldats, études techniques des divers services des armées, mémoires et souvenirs des habitants du pays, tout cela forme une petite bibliothèque, et il ne semble pas qu'on puisse y ajouter grand'chose d'intéressant. II en va autrement pour les deux dernières guerres dont l’histoire n'est pas faite encore, quoi qu'on ait déjà de bons livres sur celle de 1914-1918.

    L'histoire politique a beaucoup moins attiré l'attention des érudits. On n'a rien publié sur l'administration de l'arrondissement de Belfort, pas même la liste de ses sous-préfets avec leur biographie. La Conspiration de Belfort de 1822 est bien connue d’abord par le compte-rendu du procès, à la cour d'Assises du Haut-Rhin (Colmar 1822), puis par l’article détaillé de Georges Spitzmuller (BB, 1890-1891). Ernest Girardot a étudié L'opposition libérale et républicaine dans la région de Belfort pendant la monarchie de Juillet (BB, 1935), tandis que sur le second empire nous n’avons guère que le Procès complet de M. le Comte Jules Migeon, député au corps législatif (Paris, 1857), ou les biographies d'Emile Keller, notamment celle de Gustave Gautherot (Paris, 1922). Rien non plus sur l'histoire économique et sociale avant 1871, et c'est dans l'important ouvrage de Marie-Madeleine Kahan-Rabecq, L'Alsace économique et sociale sous le règne de Louis-Philippe (Paris,1939) que nous devons chercher quelques renseignements. Les incidents de la vie religieuse à cette époque ne sont guère mieux connus. P. Leuilliot en a cité dans L'Epuration du clergé alsacien sous la Restauration (RA, 1936) ; nous avons raconté ceux auxquels donna prétexte à Belfort La mort du Conventionnel Sébastien Delaporte (RA, 1928), et on en trouvera de très curieux dans les articles sur Bourogne d'A. Lablotier, cités plus haut. Sur le petit séminaire de Lachapelle-sous-Rougemont, on lira A. M. P. Ingold : Histoire du collège libre de Colmar-Lachapelle (Colmar, 1908), Fl. Landmann : Le Collège épiscopal de Zillisheim (Mulhouse, 1932) et l'abbé Schurrer : Le petit séminaire de Lachapelle-sous-Rougemont (Revue catholique d'Alsace, 1882-1883). Mais il manque encore une histoire des démêlés de l'abbé Lienhart avec l'évêché de Strasbourg.

    Quant à l'histoire du Territoire de Belfort lui-même, c'est un domaine où à peu près personne ne s'est encore aventuré. Sur sa naissance, on est renseigné, entre autres, par Gaston May : Le Traité de Francfort (Paris, 1909), général Bourelly : La Rétrocession de Belfort à la France (Revue des deux mondes, 1er septembre 1905), Colonel Laussedat : La Délimitation de la frontière franco-allemande (Paris, s. d.), sans compter les deux beaux livres de Georges Delahache : La Carte au liseré vert (Paris, 1909) et L'Exode (Paris, 1914). Mais on chercherait en vain un exposé des discussions qui aboutirent à la création de cette division administrative exceptionnelle, à son organisation unique en France, envisagée d'abord comme provisoire, et qui dure encore avec quelques retouches seulement. Rien sur sa vie politique parfois très mouvementée. Sur l'accroissement énorme de sa population, sur le développement industriel et commercial, sur la vie économique et sociale, on ne possède guère que les indications, excellentes d'ailleurs, mais trop sommaires à notre gré, du livre d'André Gibert. Citons pourtant le travail purement statistique de G. Callon : Le mouvement de la population dans le Territoire de Belfort... (BB, 1931). Au point de vue religieux, nul n'a étudié les modalités du retour au diocèse de Besançon dont le Territoire était séparé depuis le Concordat, ni l'accroissement, à la suite de l'immigration alsacienne, des communautés protestantes et israélites. A part quelques articles du Bulletin de l'Association des anciens élèves du Lycée de Belfort et les travaux cités plus haut sur le collège de Lachapelle, il n'existe pas grand'chose sur l'enseignement public ou libre, et sur la vie intellectuelle dans le Territoire. L'histoire de l'imprimerie et de la presse locale mériterait également une monographie.

    On le voit, il reste beaucoup à faire pour que soit à peu près connue l'histoire de ce petit pays, et les érudits locaux ont pour longtemps, comme on dit, du pain sur la planche. Et pourtant, on a depuis trois quarts de siècle beaucoup travaillé, beaucoup plus que ne pourrait le faire croire notre énumération forcément et volontairement très incomplète. Mais il a manqué aux chercheurs les facilités que procure ailleurs la consultation facile des archives départementales, l'impulsion que donne aux études, dans les centres plus importants, la présence d'une Université, souvent aussi la tranquillité d'esprit dont jouissent ceux qui vivent loin de la frontière, et d'une frontière aussi souvent menacée. Reconnaissons donc le mérite des historiens belfortains en leur souhaitant une activité encore accrue, mais peut-être plus coordonnée, ainsi que la possibilité de publier bientôt le résultat de leurs recherches.

Jules JOACHIM.

     Certaines références de publication, ayant été diffusées en plusieurs épisodes dans un même bulletin ou dans plusieurs bulletins, je n'ai pas pu les lier sous une seule référence. Je détaille donc les différents liens ci-dessous :

- Les Suédois dans le Sundgau, par Henri Bardy (RA, 1853-1856) : j'en parlerai dans un futur article.

- Contributions à l'histoire religieuse de Bourogne, par Anatole Lablotier (BB, 1934-1937) :
Année 1934, page : 49 ; Année 1936, page : 33 ; Année 1937, page : 55

- L'Etude historique sur Belfort, par Henri Bardy (BB, 1897-1901) : j'en parlerai également dans un futur article.

La Commanderie de Saint-Antoine à Froideval, par F. Schaedelin (RA, 1931) :
Pages : 285, 442, 621 et 738

- Les Eglises de Belfort, par J. Liblin (RA, 1880-1881) :
Année 1880, page : 505 ; Année 1881, pages : 72, 206

- Les Élections aux Etats-Généraux, par Ch. Hoffmann (RA, 1903-1906) :
Année 1903, page : 464 ; Année 1904, pages : 50, 513 ; année 1905, pages : 152, 629 ; année 1906, pages : 244, 367

- Les Troubles de 1789 dans la Haute-Alsace, par Ch. Hoffmann (RA, 1907) :
Pages : 5, 124, 206, 354, et 432

- La fuite à Belfort du Directoire du Département du Haut-Rhin, septembre 1790 par F. Schaedelin (RA, 1930) :
Pages : 14, 145, 274, 413 et 516

- Etude sur les gardes nationales et sur les levés de troupes dans le département du Haut-Rhin pendant la Révolution, par Capitaine Chognard (BB, 1914-1921) :
Année 1914, page : 9 ; Année 1917, page : 29 ; Année 1919, page : 111 ; Année 1921, page : 46

- Les Biographies des anciens généraux du Territoire de Belfort, par Louis Herbelin (BB, 1911-1913) :
Année 1911, page : 3 ; Année 1912, page : 85 ; Année 1913, page : 1

- L'Epuration du clergé alsacien sous la Restauration, par P. Leuilliot (RA, 1936) :
Pages : 60, 185, 287 et 44

    Au début de son historiographie, Jules Joachim nous parle de la Chronique belfortaine de l'abbé Henri Schuler resté inédite jusqu'en 1903. Plusieurs fragments de cette chronique ont été diffusés dans la Revue d'Alsace de 1903 :
Pages : 109, 357 et 498
    La fin du dernier fragment nous laissait supposer une suite, il n'y en a pas eu. Il faudra attendre 1983, et la sortie de l'ouvrage d'Yvette Baradel intitulé "Un belfortain raconte...", aux éditions Horvath" pour avoir une oeuvre plus complète. Grâce à la decouverte d'un autre manuscrit d'Henri Schuler à la bibliothèque municipale de Belfort, venant s'ajouter naturellement à la chronique belfortaine.

    J. Joachim nous dit à un moment : "Une Bibliographie du Territoire de Belfort est d’ailleurs en préparation."
    Je ne sais pas si c'est lui-même qui préparait cette bibliographie, malheureusement, cette annonce ne sera pas suivie d’effets. Je n'ai pas trouvé cette Bibliographie du Territoire de Belfort, ni l'annonce de sa publication, ce qui tend à prouver qu'elle n'existe pas. Elle est donc toujours à faire en y ajoutant les 76 ans qui séparent 1947 de 2024.

    Il annonce également un Armorial du Territoire de Belfort en préparation. Tout comme la bibliographie du Territoire de Belfort, je n'en ai pas trouvé la trace. Il reste donc probablement toujours à faire.

    Dernier travail en préparation, Une histoire de Saint-Dizier l'Evêque. Je ne sais pas si c'est ce qui a été publié dans le bulletin de la Société Belfortaine d'Emulation de 1948, à savoir, "La vie de Saint-Dizier". Ou alors quelque chose de plus ambitieux comme la plaquette d'information éditée en 1961, un an avant sa mort, par l'Association départementale du Tourisme de Belfort. Il est d'ailleurs possible que cette plaquette, soit une ré-édition d'un travail publié moins tardivement dans un des bulletins de la Société Belfortaine d'Emulation, mais je n'en ai pas la preuve.

    Plus loin, il dit : "Notre histoire de La crise religieuse à Belfort pendant la révolution reste en manuscrit en attendant des jours meilleurs". Les jours meilleurs ne sont jamais venus, car on apprend dans sa note biographique parue dans le Dictionnaire biographique du Territoire de Belfort de la Société Belfortaine d'Emulation, que cela est resté sous forme de manuscrit conservé à la bibliothèque de Colmar.
    Malgré tout, J. Joachim a publié dans le bulletin de la Société Belfortaine d'Emulation N° 60 de 1956-1957, La crise religieuse à Belfort pendant la révolution, 1789-1802, qui a toutes les chances d'être un extrait de son manuscrit concernant Belfort.
    Maintenant, qui de nos jours pourra prendre la peine de sortir de l'oubli l'intégralité de ce manuscrit, et le publiera ?

    77 ans ont passé depuis cet Essai sur l'historiographie du territoire de Belfort, la Société Belfortaine d'Emulation et la Revue d'Alsace existent toujours, et ont continué à contribuer à étoffer l'historiographie du Territoire. Depuis, des livres ont été écrits sur l'histoire de Belfort, notamment l'Histoire de Belfort des origines à nos jours publié en 1985 aux Editions Horvath. Une nouvelle édition augmentée mériterait de ressortir un jour, vu que presque 40 ans après aucun livre de ce type n'est disponible à la vente pour instruire le grand public sur l'histoire de Belfort.
    Malgré tout cela, même sans comparer finement avec les publications de ces 77 dernières années, il est sûr que beaucoup des pistes de recherches évoquées par Jules Joachim sont demeurées inexplorées. Elles restes donc ouvertes pour tout chercheur, amateur ou professionnel, étudiant en histoire, etc. désirant se les approprier.

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